L’apprentissage est pour moi la voie royale des études pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, elle permet de se professionnaliser rapidement. C’est aussi un bon moyen pour ceux qui, comme moi, n’ont pas le gout de rester les fesses vissées sur une chaise à écouter un prof parler et quelquefois radoter pendant toute sa scolarité. J’apprécie le changement de rythme qui permet une véritable coupure dans ma semaine. D’autant plus que lorsque ton entreprise joue le jeu et te confie de véritables missions, tu te sens pousser des ailes.
Mais on ne va pas se le cacher, alterner entre ces différents univers reste un challenge de tous les jours. Une gestion du temps acrobatique en effet, car il nous faut jongler entre plusieurs casquettes tout en évitant les différents obstacles placés sciemment ou non sur notre chemin.
En apprentissage, tu as exactement le même programme que les étudiants mais avec moins de jours de cours, logique en soi, puisqu’il faut intégrer le temps en entreprise. Le rythme est donc extrêmement soutenu et il faut arriver à concilier les taches demandées telles que mémoire, exposés, partiels … avec les missions données par ton tuteur qui sont parfois plutôt ardues.
Bien sûr, la bonne chose à faire est de s’y prendre à l’avance et d’être organisé ! Mais allez dire ça à mon cerveau qui préfère chiller devant le dernier épisode de Black Mirror que de bosser sa soutenance, par exemple… J’ai tendance à prendre un peu à la légère les moments de cours pour me focaliser sur mon entreprise. Peut-être parce que j’y apprends bien plus en matière de hard skills et surtout de soft skills. Mais aussi parce qu’un cliché a plutôt la vie dure en apprentissage : certains managers voient les moments de cours comme une récréation pour leurs apprentis. Combien de fois en revenant de semaine ou jours de cours, j’ai eu le droit à la fameuse « Alors c’était bien tes vacances ? ». Et là il te vient une forte envie de répondre : « Et ben écoute, Jean Pierre, j’ai eu 3 exposés à faire avec un groupe plus ou moins approximatif, 2 partiels en finance et droit du travail que j’ai dû réviser last minute comme j’avais oublié avec la semaine de fou qu’on a eu au taff, sans oublier un dossier sur la négativité en entreprise à rendre donc j’ai connu plus sympa comme vacances, merci de t’en soucier ». Mais non, bien sûr, que tu ne dis pas ça. Toi, comme un petit apprenti docile et bien corporate, tu acquiesces en gloussant et te mets rapidement au travail. Apres ce genre de remarque, tu te sens obligé d’en faire plus et de « rattraper » ton temps d’« absence » en entreprise.
Et puis il arrive d’être malade. Parlons-en ! C’est vraiment la plaie pour un apprenti. Alors déjà tu es malade et ça c’est chiant en soi puisque non seulement, tu finis le mois avec une paie tronquée (normal me direz-vous), mais quand la paie est déjà minime, survivre devient complicado (ouais, je suis bilingue, un problème ?).
Et le Walk of Shame du lundi matin que tu dois faire quand tu reviens au boulot ! Le moment où tu dois encaisser les sarcasmes et autres plaisanteries condescendantes du fait de tes absences à répétitions : « Ben alors, on avait mal aux cheveux, ma pauvre … » ou « Bien reposée ? Tu peux enfin te mettre au boulot ? ». Comme si tout le travail réalisé auparavant avait été rayé des mémoires. C’est assez frustrant. Et encore une fois je le répète, peut-être que ça finira par rentrer, les jours en cours, ne sont pas des jours d’absences en entreprise. Eh oui, monsieur le recruteur, vous m’avez embauché en apprentissage, donc un temps de formation à l’école est évidemment nécessaire.
Mis à part ces quelques points relou, j’ai eu la chance de rentrer dans des entreprises qui ont à chaque fois joué le jeu de l’alternance à fond, en étant constamment dans la transmission de savoir-faire, savoir-être et compétences qui m’ont permise après certaines années de travail acharné de développer du talent dans plusieurs domaines.
Alors oui, tu le sais, ta mère le sait, ton tuteur le sait (normalement), le monde entier le sait, l’apprentissage ce n’est pas facile et il faut prendre le coup de main rapidement pour pas se laisser submerger à tous les niveaux. Mais n’avez-vous jamais ressenti ce sentiment d’accomplissement lorsqu’une ou plusieurs de vos idées ont pu voir le jour dans votre entreprise ? Quand vous avez gagné le droit de vous faire écouter grâce à la qualité de votre travail ? Quand vous faites pleinement partie d’une team et qu’on vous valorise en tant que membre à part entière ? Ok, je m’emporte mais ce sont véritablement des étapes par lesquelles j’ai dû passer lors de mes apprentissages. Au début tu as le sentiment d’être la pièce rapportée et de déranger mais il suffit de montrer que tu en veux, ta fierté d’avoir été recruté et comme par magie tu verras on prendra le temps de t’apprendre.
Je termine ce billet avec une petite pensée pour tous les étudiants qui vont passer leur bac. Si ça peut vous rassurer, après mes quelques années dans le supérieur, le Bac c’est du pipi de chat ! Vous êtes encore loin du boss final et si Rousseau a pu écrire un essai sur l’éducation en ayant abandonné ses gosses, vous devez bien pouvoir écrire un devoir de philo sans réviser !
Sur ce, la bise !